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7 mars 2014 5 07 /03 /mars /2014 13:32

couv63429459.jpgSi comme moi, vous êtes quelque peu désemparé par le nombre de romans estampillés « thriller » qui fleurit depuis quelques années dans les rayonnages de votre librairie et dont peu parviennent à susciter en vous de véritables frissons, jusqu’à être blasé de tout ce que les éditeurs peuvent raccrocher à ce genre, finalement mal défini, vous serez  frappé dès les premières pages de « L’axe du sang » de Pierre-Yves Tinguely.

 

 

L’histoire débute en Pologne, Teodor  Cepek, arrive dans une ferme du Nord de Varsovie, pour venir en aide aux fermiers qui y résident : ceux-ci doivent faire face à des phénomènes inexpliqués.

 

L’ancien prêtre, après avoir répondu aux formalités d’accueil d’usage (une petite liqueur de miel en humant les raviolis farcis de pommes de terre et de fromage blanc) de cette famille amicale en vient à débuter les démarches pour bouter hors des murs les esprits frappeurs.

 

Les choses dégénèrent en trois pages (je vous épargne les détails !), et incontestablement la scène d’ouverture de ce roman est un franc succès, propulsant le récit vers des imaginaires d’exception tels que ceux de Dean Ray Koontz  ou Graham Masterton.

 

Récemment, en DVD  est sorti « The conjuring – Les dossier Warren » de James Wan, l’ayant vu, on ne peut s’empêcher d’en faire le rapprochement.

 

Des regrets, j’en ai eu, quand même, en découvrant qu’une aventure précède celle-ci : « Le codex Lethalis » (disponible également chez MA éditions). Néanmoins, mes tendances à la psychorigidité se sont vu écartées au fil des pages : certes, il existe au moins une connexion entre les deux romans au travers les livres démoniaques qui sont en sont le  cœur , mais rien ne nous empêche d’apprécier ce volet même si on n’a pas lu celui d’avant. 

 

On retrouve donc Albert Tustin, autre prêtre défroqué, féru de sorcellerie, qui a activement participé à une enquête aux cotés des autorités américaines pour arrêter l’utilisateur du Codex Lethalis quelques mois auparavant et qui ne va pas tarder à être interpelé par les événements consécutifs aux mésaventures de Teodor Cepek qui va malgré lui semer la mort autour de lui.

 

Le récit bringuebale le lecteur d’un continent à l’autre (Une partie de l’action se déroule en Suisse ; l’auteur réside près de Genève), et les faits divers auxquels il en vient à s’intéresser viennent  s’inscrire dans une trame plus complexe et sombre qui suscite attention et angoisse.

 

Pierre Tinguely maintien le rythme avec savoir-faire, sans recourir à la surenchère.

 

L’ensemble apparaît très actuel (réseaux mafieux, complots politiques, terrorisme), extrêmement bien documenté et rend tout ceci fortement crédible si on laisse de côté le recours au paranormal.

 

Si lire « Le codex Lethalis » n’apparait pas indispensable dans un premier temps, on ne peut que se promettre de le découvrir une fois « L’axe de sang » terminé ; en attendant la suite en cours de création, qui se préfigure aussi intéressante que ce volume tant les questionnements qui restent en suspens sont nombreux.

 

Outre un excellent roman, « L’axe du sang » vient consolider le catalogue de son éditeur qui décidément est à connaître de par ses choix variés toujours digne d’intérêt et originaux.

 

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22 janvier 2014 3 22 /01 /janvier /2014 20:38

couv 66 large

Dans la préface, l’auteur Eric Neirynck ( « Facebook mon amour », « Le Quadra génère ses propres angoisses ») annonce lui même que cette novella (il explique aussi ce qu’est ce genre) n’est qu’« une histoire comme il y en a des millions ». 

 

Effectivement son « 66 pages » se présente comme un soliloque comme on peut s’en tenir soi-même à propos de nos maux : le ton est cynique, les mots crus ; la méthode est éprouvée pour dissimuler sans  doute une personnalité à fleur de peau.

 

Réfractaire, Eric (Fiction ? Auto-fiction ? L'auteur brouille les cartes dans son avant propos) entame néanmoins une  thérapie sur les conseils de proches après le suicide de la femme qu’il aime.

Lors de leur troisième rendez-vous, alors qu’elle l’a éconduit  à parler d’une oeuvre de Bukowski qu’il venait de découvrir dans la salle d’attente, sa psychiatre l’invite à écrire ses angoisses. Eric trouve  dans cet exercice un but inavoué.

 

Pour avoir, moi même,  gravité quelques temps dans « des milieux psychothérapeutique », j’avoue avoir été accroché par l’amorce de son récit (j’ai été longtemps, moi aussi récalcitrant : je me souviens de mon premier rendez-vous de manière très précise), le déroulement de la troisième et quatrième séance (le texte se découpe comme tel et on suit le narrateur tout du long de sa thérapie) m’a également intrigué : les prémisses du processus de transfert et  le procédé de mise en abîme m’ont semblé des plus prometteurs.

 

Je dois néanmoins avouer que j’ai beaucoup moins apprécié la conclusion : le passage à l'acte ; abrupte.

J'ai apprécié l'aspect cocasse de la rencontre d'Eric et Marc.

 

Je ne peux que m’affliger d’avoir injecté dans ma lecture ma propre expérience en la matière, ce qui a nuit à l’aspect loufoque et ironique que l’auteur a voulu donner à son texte!

 

Le format "novella" n'est sans doute pas évident à gérer.

Une découverte intéressante.

 

 

 

 

 

 

 

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6 septembre 2013 5 06 /09 /septembre /2013 19:18

coverzep.jpgYvan, JB, et Frank, prennent l’avion à la demande de Sandro pour le rejoindre en Angleterre.

 

Dans le pays même où, dix-huit ans auparavant, le groupe de rock des Tricky Fingers qu’ils formaient s’est séparé.

 

Un « week-end bilan » qui va déboucher sur des retrouvailles douces-amères pour ses amis qui se sont plus ou moins perdus de vue.

 

Célèbre de par son héros Titeuf, Philippe Chappuis, qui tire son pseudonyme ZEP du groupe Led Zeppelin, ne peut nier ses influences musicales qui trouvent écho dans cette bande dessinée qui sortira la semaine prochaine aux éditions « Rue de Sèvres ».

 

Cette source d’inspiration évidente dans son œuvre (Outre l’aspect « rock n’roll » de Titeuf, on signalera l’album Happy rock  chez Delcourt) est particulièrement présente dans  Une Histoire d’hommes  qui est également l’occasion pour le dessinateur suisse d’explorer un genre graphique différent de celui qu’on lui connait , de ce qu’il a pu offrir à l’occasion, au travers, par exemple, son travail pour Jean Jacques Goldman sur l’album Chansons pour les pieds .

 

On se rapproche du style des aquarelles de   Carnet intime  (Gallimard). L’album se découpe en scènes de différentes couleursqui voit s’alterner passé et présent. Le trait est simple, ZEP s’amuse à remplir les gouttières, ce qui donne de la vie à ses vignettes au travers des planches.

 

Pour ce qui est du scénario, on constate également la recherche de maturité : si les personnages principaux retrouvent une seconde jeunesse au moment de la réunion de leur bande, celle-ci est contrebalancée par le règlement de quelques « dossiers en souffrance » et, en arrière-plan, la vie de ces quadragénaires après le split de leur groupe.

 

Les adultes, et les hommes en particulier (l’album porte bien son nom !) se retrouveront sans aucun doute dans un ou plusieurs des personnages et leurs préoccupations.

 

La nostalgie et l’humour sont présents dans cette BD qui m’apparait comme particulièrement réussie et nous fait découvrir un ZEP différent de l’image conventionnelle qu’on lui associe avec Titeuf ou  Les mini-justiciers.

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22 août 2013 4 22 /08 /août /2013 19:55

couv9544495L’année dernière MA-Editions publiait Le cri de l’ange , premier volet des aventures de Lee Campbell, profiler imaginé par C.E Lawrence.

 

Outre atlantique, ce nouvel opus intitulé Le collectionneur de chair  (Silent victim) a connu deux suites (l’ensemble constitue « the silent series »), qui espérons-le,  seront également éditées en France (très vite !), tant on reste sur sa faim.

 

Les deux romans peuvent se lire individuellement : j’ai apprécié ce livre sans avoir lu le premier opus de la série.

 

Il n’en reste pas moins un fil rouge apparent :   des questions  restent en suspens à la fin du  collectionneur de chair : le héros n’a pas élucidé  la disparition de sa sœur, mais il n’empêche que l’enquête principale, qui va le renvoyer aussi à cette blessure intime, est bouclée. L’ensemble est compréhensible.

On a aussi bien envie de découvrir ce qui précède, que ce qui va suivre.

 

 

Une fois de plus, Lee Campbell,  vient en aide à la police  new yorkaise qui soupçonne l’apparition d’un nouveau tueur en série après l’autopsie de deux cadavres. Deux noyés, un dans sa baignoire, l’autre dans l’East River, et  qui n’ont pas mis leur fin à leurs jours ; comme on l’avait tout d’abord pensé.

 

Ce pressentiment se confirme quelques jours plus tard, après la découverte d’un autre cadavre : Ana, une ancienne patiente, qui a tenté par ailleurs de reprendre contact avec Campbell quelques heures avant sa mort.

 

Le profil du tueur parait peu conventionnel à la première approche.

 

 

J’hésite à qualifier ce roman de thriller, tant son rythme me parait plus proche d’un policier classique, d’un roman noir, que des productions  estampillées comme telles (certes, le héros n’est pas policier à proprement parler et pour les puristes c’est là où se fait la distinction).

 

L’auteure, C.E Lawrence,  s’appuie d’avantage  sur les personnages, leur environnement (des descriptions pointilleuses), dans un style d’écriture presque détonant tant il parait élaboré  par moment, et finalement bien plus agréable à lire que les techniques du « page-turning »  dont la recette a fini par banaliser le genre.

 

Si Lee Campbell est sans conteste l’objet de plus d’attention, les autres protagonistes  qui gravitent autour de lui sont on ne peut plus intriguant, et finalement intéressants. L’incontournable inspecteur Leonard Butts mérite sans aucun doute d’autres développements, tout autant que la froide Elena Krieger, le mystérieux Diesel ou bien Kathy la petite amie de Lee.

Ils apparaissent extrêmement « humains ».

 

Le « tueur », quant à lui,  s’il apparait quelque peu caricatural dans certains passages de sa présentation, ne se révèle pas moins fascinant au final, notamment de par sa présentation au travers le travail de profilage auquel s’exercent les enquêteurs ;  là aussi relativement subtile en comparaison de ce qui peut se voir ou se lire à l’heure actuelle.

 

A noter, qu’on ne sombre pas dans la surenchère à outrance  en ce qui concerne les scènes de crime (autre phénomène plus au moins horripilant ces dernières années dans les thrillers), le rebondissement final est pour le moins original et apparait comme parfaitement logique.

On sent une véritable personnalité chez  C.E Lawrence (ou Carole Buggé), femme qui se révèle, quand on surfe sur son site, être une artiste complète.

 

 Le collectionneur de chair  laisse transparaître des intérêts pour diverses disciplines (le théâtre, la philosophie, l’hypnose),  ou milieux  (« le monde de la nuit » est présenté sans aucune exagération je pense), et vient s’inscrire dans le contexte particulier du New York post 11 septembre. Drame municipal et international reprit à plusieurs reprises dans d’autres œuvres, mais jamais à mon sens pour étayer une intrigue de façon aussi judicieuse : le choc suscité par l’attentat du World Trade Center vient s’ajouter à une ambiance déjà dépressive pour d’autres raisons et étaye la difficulté intrinsèque de son héros à assembler les pièces du puzzle de la personnalité du tueur. Un enjeu psychologique supplémentaire qui vient s’ajouter aux préoccupations légitimes des forces de l’ordre new yorkaises.

 

 Le collectionneur de chair même s’il reprend un style de récit très largement éculé depuis Le silence des agneaux  de Thomas Harris, n’en reste pas moins un roman remarquable et vient s’ajouter au catalogue d’une maison d’édition (MA-Editions) qui m’apparait  également digne du plus grand intérêt (  Les justes  de Michael Wallace que j’ai lu récemment dénotait lui aussi du reste de la production habituelle).

 

Certes, c’est la rentrée littéraire, mais si l’envie vous prend de lire un roman de genre, laissez-vous tenter par celui-là !

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8 août 2013 4 08 /08 /août /2013 13:41

    CVT Le-jugement-dernierLenigme-du-codex-Lucis 3756

Dans un futur proche, la communauté internationale doit faire face à une vague de terrorisme singulière.

Dépêchée au Brésil, en remplacement de Donatien Chantôme, une jeune française,  stagiaire-journaliste, découvre avant tout le monde que Sao Paulo a subit l’attaque d’une bombe salée.  

La même arme nucléaire miniaturisée, dont la contamination radioactive est maximale,  est utilisée deux semaines plus tard sur le sol des Etats-Unis !!!

Journalistes,  FBI et CIA partent à la recherche des coupables, qui ne revendiquent pas leurs actes : et si l’emploi de ces « armes du jugement dernier » (le surnom a été donné  par Leo Szilard, un physicien dans les années 50) était  véritablement l’instrument d’une société secrète déterminée à précipiter la fin du monde ?

Piètre amateur de thriller à influence ésotérique, je n’étais sans doute pas prédestiné à lire ce premier roman de Stéphane Haumant dont la quatrième de couverture évoque les cathares, il me faut admettre que j’en ai été de mes préjugés : J’ai vraiment eu beaucoup de plaisir à découvrir ce livre tout du long de mes vacances au bord de la mer !

Au travers la quête de ses différents protagonistes (Donatien Chantôme et Balthazar Baker, le directeur adjoint du FBI, principalement), que l’on suit au quatre coin du globe, ce roman d’anticipation (précision que l’avenir qui nous est présenté ne diffère que très peu de notre présent) s’attache effectivement à revenir sur une foultitude d’énigmes historiques (j’ai vraiment apprécié la partie sur JF Kennedy) qui servent à étayer et à donner une véritable cohérence à un complot universel qui nous dépasse et n’en apparait dès lors que plus effrayant.

Le lecteur qui viendrait à s’attacher aux acteurs du récit prend le risque de voir beaucoup d’entre eux disparaitre brutalement, les enjeux sont si importants, que fort logiquement les comploteurs ne reculent devant rien pour que leur plan séculaire  aboutisse.

C’est sans doute le seul côté un peu exaspérant de « Le jugement dernier… L’énigme du Codex Lucis »  qui  parvient, tout de même,  à nous captiver, tout du long de ces 380 pages.

Durant  une longue partie, on a du mal à voir  où aboutiront les impasses auxquelles se buttent les personnages, et puis soudain le récit démarre, on réalise la judicieuse mise en place antérieure ;  les nombreux retournements de situation, les différentes énigmes à résoudre,  finissent de nous emporter…

Stéphane Haumant qui dirige une émission d’investigation sur Canal+, utilise sans aucun doute son expérience de 15 années de reporter sur le terrain, et nous offre un roman trépidant, non sans une certaine dose d’humour en  brassant  réflexions graves (sur les trafics d’armes), sérieuses (sur l’engagement professionnel des journalistes, les rouages de la politique au travers Chantôme et Baker)) et clins d’œil malicieux (au leader des Babyshambles par exemple).

Je ne saurais que trop vous encourager à profiter du mois d’août pour découvrir « le Jugement dernier… L’énigme du Codex Lucis » sortit il y a peu chez J éditions, un livre idéal pour retrouver le plaisir de lire durant la période estivale. Une œuvre remarquable à la croisée des genres.

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27 juin 2013 4 27 /06 /juin /2013 19:11

fugue-venitienneIl m’arrive parfois de choisir un livre car son résumé m’en rappelle un autre, associé à un bon souvenir de lecture.

Tel a été le cas pour ce roman, édité dans la collection « Terre de femmes » des Editions de Borée, dont  la quatrième de couverture m’a vaguement rappelé Le premier amour de Véronique Olmi.

Une envie inconsciente  de dépaysement, et de suivre une femme dans sa fuite d’un quotidien, vers un « peut-être » ampli d’espoir ont arrêté mon choix.

Des raisons qui expliquent ma  déconvenue avec  le dernier roman de Marie Claude Gay : l’intrigue annoncée au travers du titre n’est pas, pour moi,  au rendez-vous ;  son héroïne  sillonne finalement très peu la « ville des amoureux ». 

A la manière de l’héroïne qui se voit promettre de découvrir  le désert tunisien et qui voit son rêve lui passer sous le nez…  Je me suis senti déçu qu’on  m’ait promis Venise et de découvrir que la majorité du roman se déroule à Lyon !                      

 

De plus en plus affectée  par l’attitude de ces adolescents révoltés et irrespectueux, Clarisse Delamare, qui est restée au foyer pour les élever,  découvre que son médecin de mari, Olivier, la trompe.

Les conseils de son amie Laura, qu’elle va découvrir, elle aussi, volage, et l’arrivée de son extravagante  mère ne vont pas arranger l’état d’esprit de la quadragénaire un peu « coincée »  qui en vient à faire le point sur sa vie !

Le, à mon sens, mal prénommé  Fugue vénitienne  n’en est pas moins un roman intéressant de par ces personnages  hauts et en couleurs. Il traite d’un sujet actuel et  m’a heureusement interpellé d’autres façons !

On suit avec  intérêt les membres de la famille Delamare dans leurs péripéties : le couple Clarisse/Olivier confronté à l’adultère. Leurs deux enfants, Léa et Arthur,  pendant ce temps s’apprêtent à passer leurs bacs et   glissent de l’enfance à l’âge adulte.  

La  famille  se voit adjoindre dans leurs péripéties  d’autres parents,  amis, et voisins qui édulcorent l’aventure.

L’ensemble paraît  convenu, néanmoins Marie Claude Gay se démarque en faisant des choix originaux par rapport aux ressorts classiques de ce genre de littérature, la gent masculine n’est pas la seule, je trouve,  à être égratignée dans cette vision moderne et actuelle de la vie.

J’ai trouvé dans ce roman de très jolis passages,  extrêmement bien écrits, plein de ressentis qui m’ont évoqués des situations que j’ai moi-même vécu. 

D’autres en revanche, m’ont semblé, véritablement, décalés, presque grotesques comparativement : je pense en particulier à la réparation du toit par Hannibal (je ne suis peut-être pas totalement objectif étant moi-même militaire). Quelques clichés ne nous sont malheureusement pas évités !

Un de mes autres regrets est sans aucun doute la mise en valeur tardive du personnage de Clarisse,  le récit aurait à mon sens gagné à être encore plus centré sur elle, en accentuant moins sur son image d’épouse psychorigide.

 

Au fil de ma lecture, j’en suis donc venu à faire une croix sur   Le premier amour  pour finalement en venir à me rappeler de  Les yeux jaunes des crocodiles .

Force est de constater  malheureusement que  Fugue vénitienne  ne supporte pas la comparaison et que Katherine Pancol  aborde le sujet avec, je trouve, bien  plus de pétulance.

Le flottement sentimental consécutif à la rupture, la souffrance des différents acteurs confrontés à leur désœuvrement, sont au cœur de ce roman.

Guindé (c’est sans doute le milieu qu’elle décrit qui veut ça), le style d’écriture de Marie-Claude Gay n’en est pas moins agréable et laisse transparaitre une véritable humanité. 

En conclusion, Fugue vénitienne  m’a paru assez inégal. Il n’en reste pas moins que j’en suis ressorti intrigué par son auteure, et intéressé à découvrir un autre livre d’elle, disponible au catalogue des Editions de Borée, ou chez un autre éditeur.

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19 juin 2013 3 19 /06 /juin /2013 21:22

CVT_2087_7668.jpg

Alors qu’il tente de récupérer d’une nuit de cauchemar, Gabriel Seste est réveillé par une communication d’une cliente qui lui donne rendez-vous.

Arrivé au domicile de Dahné Andrès, le détective privé découvre que celle-ci a été tuée et qu’un cadeau pour le moins morbide a été laissé à son nom dans l’appartement de la défunte : une tête coupée de psilien.

 

Dans ce mode en déclin, qu’est le Paris de 2087, certains hommes du fait de leurs irradiations se sont vu doter de pouvoir psy alors que d’autres moins chanceux ont muté au point de devenir de véritables monstres de foire.

Rejetés dans les étages inférieurs à l’air plus viciés, dirigés par les gangs, ou bien encore dans les banlieues ou à l’extérieur du dôme qui protège la ville dirigée par les corporations ;  ces parias, de plus en plus nombreux, survivent comme ils peuvent.

 

Familier de ces différents rouages, Gabriel va tenter d’élucider la mort de Dahné, en jouant de ses contacts. Une enquête qui, il ne tarde pas à s’en rendre compte va faire ressurgir des événements qu’il tentait d’enfouir, et le mettre en danger lui et son entourage !

 

Voilà un bon moment que je n’avais pas lu d’intrigue de ce genre,  et la lecture de  2087  ne m’a pas fait regretter d’y revenir après  une longue escapade dans des mondes apocalyptiques peuplés de zombies. Le scénario oscille entre science-fiction et polar ce qui n’est pas sans m’avoir rappelé quelques lectures de jeunesse : si la quatrième de couverture cite, à juste titre, Philip K.Dick, l’enquête policière m’a également rappelé celles d’Elijah Bailey (Les cavernes d’Acier ).  

Ici,  pas de robots doté d’intelligence, mais de nombreux drones instrument du pouvoir militaire en place auxquels viennent s’ajouter des citadins de plus en plus enclin à adopter des éléments cybernétiques  dont on leur fait la réclame tout du long des alti rues de la cité verticale au-dessus des brouillards radioactifs qu’est devenu Paris .

 

Si les personnages de l’histoire nous apparaissent de moins en moins humains de par leur allure, les émotions subsistent et transparaissent  au  travers les situations auxquelles ils doivent faire face.

 

L’univers mis en scène par David Bry dans ce roman, quoique bien plus sombre, est tout aussi cohérent que  celui de fondation, on appréhende d’autant cette dernière en découvrant le final bouleversant.

 

Si certains critiques pourraient reprocher à David Bry d’avoir compilé majorité d’éléments entraperçus dans d’autres productions SF (on pourrait aussi citer William Gibson), il serait injuste de ne pas lui reconnaitre d’avoir réussi la construction de son récit et d’être parvenu à nous surprendre quant au final.

 

Un savoir-faire sans doute acquis de son passé de « rôliste » (j’en suis un  piètre moi-même mais j’ai un jour créé un personnage  Shadowrun ), et qui trouve son prolongement  dans l’appendice qui clôt le livre édité chez Black-book édition l’année dernière.

 

On en viendrait presque à demander une suite, tant on voudrait voir darder un fin rayon de soleil dans cette dystopie ténébreuse et pour savoir ce que deviennent ces différents héros auxquels on a eu le temps de s’attacher.

 

Un roman et un auteur à découvrir !

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11 juin 2013 2 11 /06 /juin /2013 21:07

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Jacob Christianson est dépêché à se rendre à Blister Creek, sur les lieux même où sa cousine Amanda a été retrouvée assassinée.

 

Eliza, sa sœur, l’accompagne, en âge de se marier, elle doit officiellement être présentée à deux de ses prétendants. Jacob sait aussi qu’elle lui sera d’une aide précieuse pour lui rapporter des informations, une fois intégrée au « clan » des femmes.

 

La communauté mormone  compte sur cet étudiant en médecine, fils apprécié d’un patriarche de l’église de « Jésus-Christ des saints des derniers jours » pour confirmer la théorie du meurtre crapuleux : les clandestins mexicains sont nombreux dans cette région de l’Utah.

 

Le mode opératoire, qui pour Jacob est directement issu du livre des mormons, et la scène du crime contredisent ce sordide scénario.

Débute alors, pour Jacob et  Eliza,  une enquête délicate au sein d’une communauté  qui devient de plus en plus hostile, et qui va les amener à faire face à Enoch, leur frère excommunié qu’ils retrouvent à Las Vegas (la ville de tous les vices !); ainsi qu’à eux même !

 

 

Avant toute chose, j’étais intéressé par la découverte de la culture mormone (que sans trop réfléchir, j’avais associé à « Witness » et aux amish. Le bon souvenir de ce film m’a influencé à choisir ce livre plutôt qu’un autre), et intrigué de voir sous quel angle l’auteur, qui en est un représentant,  le ferait. 

 

Les communautés (ou autre confrérie telle la franc maçonnerie) se révèlent la base de bonnes intrigues policières, en favorisant les secrets, ou encore des raisonnements différents des nôtres qui complexifient des situations classiques.

 

Très vite, j’ai trouvé l’approche de Michaël Wallace et finalement son livre très intéressant, car en effet  Les Justes  se révèle une véritable réflexion sur les mormons notamment au travers de ses personnages, et particulièrement son héros  principal, Jacob, marginal à sa façon, et habité par le doute.

 

Eliza apparait également comme un terreau fertile à un débat sur la condition féminine  (les femmes apparaissent réduites aux tâches ménagères, à la procréation et n’ont pas franchement leur mot à dire dans une société patriarcale qui pratique le pluri mariage).

 

Tout du long du récit, les différents aspects de cette religion précèdent une réflexion qui oppose savamment la foi et la science.

 

Michael Wallace arrive parfaitement bien à jouer les médiateurs, sans verser dans le prosélytisme,  en présentant le pour (par certains côtés on peut trouver attirante cette vie communautaire d’où émane malgré tout l’érudition et un sentiment de protection ), le contre ( l’obéissance à la religion n’exclut pas la confrontation à un certain nombre de carcans aliénant l’individu et ses sentiments), et en adoptant un style d’écriture remarquable (pétri de connotations religieuses)  qui donne à son histoire un ton véritablement original et instructif.

 

Le plus habile étant, encore une fois,  de faire que ce soient des personnages mormons eux-mêmes qui débattent de leur difficulté à avancer dans la vie où leur idéologie entre en contradiction avec la société majoritaire.  La famille Christianson est, de ce point de vue, très touchante par-delà  les  états d’âme de ses membres.

 

Le rythme du déroulement de l’intrigue revêt également un style particulier.

 

A une enquête à priori classique viennent s’ajouter des éléments qui font basculer le roman dans le genre du thriller. La documentation et le témoignage de son auteur ne peuvent être remis en doute,  Les justes  lorgne également vers le  fantastique par certains passages (un peu comme   L’écho des morts  de Johan Théorin) où des anges (à moins que ce ne soient des démons ? l’ambiguïté est là aussi de mise.) font leur apparition. On s’interroge tout du long sur le combat potentiel entre le Bien et le Mal.

 

L’ensemble débouche sur des théories effrayantes qui font oublier le relatif manque d’action : absence  qui n’est pas forcément un mal dans un genre où la majorité de la production lorgne parfois de trop vers le sensationnel et la violence gratuite.

 

Pour ma part, j’ai vraiment été embarqué par  Les justes  de Michaël Wallace, dans la collection Pôle noir, de MA-Editions, et espère d’une part un accueil chaleureux  à ce livre et , d’autre part, que  son succès entrainera la parution des romans inspirés du même univers, déjà publiés outre atlantique (5 livres au total).

 

Il sort demain en librairie et je vous conseille de le découvrir 

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3 juin 2013 1 03 /06 /juin /2013 19:33

metaphysique-du-vampire-debats.jpg

La série  Twilight  de Stephenie Meyer, outre avoir inspiré l’auteure des Cinquante nuances de Grey  (E.L. James), a contribué à l’émergence de la bit-lit,  et  égratigné le personnage du vampire : créature démoniaque de moins en moins sensible, par ailleurs, aux symboles forts de la religion catholique  dans une  société présumée  laïque.

Fasciné par ce monstre légendaire, je m’en suis néanmoins détourné depuis quelques années (presque six ans !) jusqu’à ma lecture récente de Dans les veines de Morgane Caussarieu (dont je me suis offert aux imaginales l’essai qu’elle a écrit et qui vient de paraître aux éditions Mnémos  Vampires & Bayous, sexe, sang et décadence, la résurrection du mythe en Louisiane .

Mon immersion dans  ce festival de l’imaginaire vosgien, couplée au hasard, m’a amené à retrouver La métaphysique du vampire  de Jeanne- A Debats, édité chez Ad Astra  en 2012 et négligé jusque-là !

 

Dans ce roman, Navarre  (un vampire âgé de cinq siècles) est devenu une sorte de  mercenaire à la solde du Vatican. Sous le nom de  Raphaël, il chasse les nazis pour qu’ils soient traduits devant la Justice.

Il est dépêché pour une mission en Amérique du Sud afin d’arrêter un certain Kalten (personne ne sait à quoi il ressemble) qu’il doit livrer au Mossad.

 Le récit se déroule en 1968, et l’existence  des vampires est strictement régulée par l’Eglise, d’une part, qui utilisent leurs mercenaires, et par les vampires eux-mêmes d’autre part. Ces derniers imposent l’appartenance à un cénacle et pourchassent les rebelles de leur espèces, irresponsables, qui auraient tendance à abuser de l’Offrande, ou qui se nourrissent sans réfléchir ; attitude qui a court terme risquerait de déséquilibrer la coexistence pacifique établie.

Au fil de sa longue existence le sens du cynisme de Navarre s’est développé, ce dernier donne le ton à ce roman ( rédigé à la première personne du singulier) et qui dépeint un univers pour le moins inédit, très inspiré, et propose une relecture pour le moins  inaccoutumée de la mythologie vampirique ; l’occasion de scènes hilarantes.

Le ton est léger certes, les scènes bien souvent jubilatoires, mais n’en reste pas moins  que  La Métaphysique du vampire  suscite la réflexion ne serait-ce qu’en mélangeant des influences diverses et démontre la finesse d’intelligence de son auteur, ainsi que son sens de l’humour.

Le héros de Jeanne A-Debats, manifestement de race aryenne, a fort à faire face aux représentants du troisième Reich qu’il exècre, sa collaboration avec le Vatican étant par ailleurs des plus compliqués, car il reste sensible au crucifix et aux effets de la bénédiction. Raphaël cultive les relations ambiguës et ça n’est pas celle qu’il va nouer avec  Dana qui contredira cette affirmation !

On se réjouit de l’aspect immoral que retrouve le vampire ici, même si ce roman est l’occasion de voir, les protagonistes vampire s’interroger sur leur condition (d’où le titre !).

Sa mission l’emmenant à Rio de Janeiro, Raphaël en vient à rencontrer des adeptes du vaudou (la concurrence entre les deux églises est là aussi très amusante).

Rencontre qui trouve sa cohérence dans l’acceptation d’un univers original détaché en parti des règles classiques tout en en conservant certaines (Raphaël est une créature nocturne que le soleil ne sublime pas !). Pour ma part, j’ai toujours imaginé que vampire et vaudou faisait bon ménage et ce que je peux lire ces derniers temps tend à me faire penser que je ne suis pas le seul ! (N’en déplaise à certains puristes).

Un imaginaire qui trouve ses fondements dans différentes nouvelles écrites par Jeanne A-Debats (la liste est sur son blog) et qui se voit prolonger dans la publication récente de « Eschatologie du vampire » dans le dernier recueil des Imaginales  Elfes et assassins  (aux éditions Mnemos). L’intrigue se déroule en 2012 et on ne peut que se réjouir des possibilités de développement de cet univers à la fois original, farfelu et finalement très prometteur.

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28 mai 2013 2 28 /05 /mai /2013 20:29
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W3, le sourire des pendus  est le premier tome d’une nouvelle série de thrillers écrite  par Nathalie Hug et son mari Jérôme Camut.
 
Une  collaboration qui dure, pour preuve les références, plus ou moins flagrantes, distillées à droite et à gauche dans ce nouveau roman, issues  aussi bien de leur bibliographie à quatre mains (la tétralogie des  voies de l’ombre , Les yeux d’Harry )  que de leurs œuvres solos respectives  (Malhorne , La demoiselle des tic-tac )).
 
En peu de temps, ces deux auteurs sont devenus une référence, pour moi, comme le sont Stephen King ou Serge Brussolo, au point que d’attendre d’acheter leur livre au-delà de la date de la sortie m’est devenu très difficile voire impossible. Dès lors que j’ouvre un de leur livre je sais qu’il me sera difficile de le refermer ; si une légère appréhension subsiste, elle est vite balayée dès que l’intrigue commence à se développer.
 
Nathalie Hug et Jérome Camut en sont venus  à créer leur propre univers au travers un style d’écriture unique qui laisse transparaitre  une forte sensibilité.
 
Une cohérence étayée également par des personnages remarquables qui explorent à chaque fois la nature humaine ; aussi bien dans ce qu’elle a de plus louable que dans ses pires excès.
 
 Le  thriller saupoudré d’anticipation leur réussit sans doute plus particulièrement, mais assurément ils peuvent ambitionner à s’essayer à d’autres genres.
 
 W3, le sourire des pendus  s’inscrit dans cette veine. Les nouveaux protagonistes que les auteurs mettent en place captivent le lecteur qui n’a de cesse de suivre leurs péripéties, même si leur préférence ira à tel ou tel d’entre eux.
 
Des personnages « humains » qui touchent le lecteur, avec leurs points forts et leurs fêlures.
 
Ilya Kalinine, à sa façon, se révèle aussi charismatique que Kurtz (cf Les voies de l’ombre ).
 
 
 
Plus tôt cette année, j’ai eu l’occasion de redécouvrir Philippe Besson au travers son livre  L’enfant d’octobre traitant de l’Affaire Gregory et de me faire une opinion plus précise de cette histoire qui s’est déroulée durant mon enfance.
 
Fait divers,  un des premiers « médiatisé », cité, à raison, dans « le sourire des pendus», dont une partie de l’intrigue se passe dans les Vosges où Léon Castel réside.
 
Incidemment, cet homme, engagé dans le combat des familles victimes des incohérences du système judiciaire, va venir en aide à Valentin Mendès, dont la sœur Laura, chroniqueuse télé, a disparu.
 
Ambitieuse, la jeune femme travaillait, apparemment, à la rédaction d’un dossier sur une affaire d’assassinat irrésolue une décennie plus tôt ; les époux Moreau, abattus dans d’horribles circonstances,  dont les deux petites filles n’ont pas été retrouvées après la mort de leurs parents.
 
Les approches pour aborder ce roman sont en réalité  diverses : on y trouve en effet un aspect sulfureux non négligeable au travers du portrait des déviances sexuels de nos contemporains, mâtiné de légendes urbaines telles que les « snuff movies », qui trouvent ici une effrayante crédibilité.
 
 L’axe de lecture le plus classique étant l’enquête policière que mène Sookie, la fille de Léon, qui inspire le nom de ce premier volume, et qui débute dans des circonstances, là aussi de plus hasardeuses.
 
Le sourire des pendus  c’est également une critique du monde des médias, de notre société de consommation. Un thème déjà abordé dans  Malhorne  (roman de Jérôme Camut, réédité chez Bragelonne, avec une nouvelle couverture, à l’occasion des dix ans de la maison d’édition) au travers du personnage de Nemo.
 
Le nouveau roman de Nathalie Hug et Jérôme Camut c’est surtout 750 pages de matière dense, qui mène à réfléchir, une fois la poussée  d’adrénaline dû au suspens retombée.
 
La suite est attendue avec impatience.
 
 
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