Cette chronique a été écrite par Ludovic GRIGNION pour le site Khimairaworld
Cette chronique a été écrite par Ludovic GRIGNION pour le site Khimairaworld
Si comme moi, vous êtes quelque peu désemparé par le nombre de romans estampillés « thriller » qui fleurit depuis quelques années dans les rayonnages de votre librairie et dont peu parviennent à susciter en vous de véritables frissons, jusqu’à être blasé de tout ce que les éditeurs peuvent raccrocher à ce genre, finalement mal défini, vous serez frappé dès les premières pages de « L’axe du sang » de Pierre-Yves Tinguely.
L’histoire débute en Pologne, Teodor Cepek, arrive dans une ferme du Nord de Varsovie, pour venir en aide aux fermiers qui y résident : ceux-ci doivent faire face à des phénomènes inexpliqués.
L’ancien prêtre, après avoir répondu aux formalités d’accueil d’usage (une petite liqueur de miel en humant les raviolis farcis de pommes de terre et de fromage blanc) de cette famille amicale en vient à débuter les démarches pour bouter hors des murs les esprits frappeurs.
Les choses dégénèrent en trois pages (je vous épargne les détails !), et incontestablement la scène d’ouverture de ce roman est un franc succès, propulsant le récit vers des imaginaires d’exception tels que ceux de Dean Ray Koontz ou Graham Masterton.
Récemment, en DVD est sorti « The conjuring – Les dossier Warren » de James Wan, l’ayant vu, on ne peut s’empêcher d’en faire le rapprochement.
Des regrets, j’en ai eu, quand même, en découvrant qu’une aventure précède celle-ci : « Le codex Lethalis » (disponible également chez MA éditions). Néanmoins, mes tendances à la psychorigidité se sont vu écartées au fil des pages : certes, il existe au moins une connexion entre les deux romans au travers les livres démoniaques qui sont en sont le cœur , mais rien ne nous empêche d’apprécier ce volet même si on n’a pas lu celui d’avant.
On retrouve donc Albert Tustin, autre prêtre défroqué, féru de sorcellerie, qui a activement participé à une enquête aux cotés des autorités américaines pour arrêter l’utilisateur du Codex Lethalis quelques mois auparavant et qui ne va pas tarder à être interpelé par les événements consécutifs aux mésaventures de Teodor Cepek qui va malgré lui semer la mort autour de lui.
Le récit bringuebale le lecteur d’un continent à l’autre (Une partie de l’action se déroule en Suisse ; l’auteur réside près de Genève), et les faits divers auxquels il en vient à s’intéresser viennent s’inscrire dans une trame plus complexe et sombre qui suscite attention et angoisse.
Pierre Tinguely maintien le rythme avec savoir-faire, sans recourir à la surenchère.
L’ensemble apparaît très actuel (réseaux mafieux, complots politiques, terrorisme), extrêmement bien documenté et rend tout ceci fortement crédible si on laisse de côté le recours au paranormal.
Si lire « Le codex Lethalis » n’apparait pas indispensable dans un premier temps, on ne peut que se promettre de le découvrir une fois « L’axe de sang » terminé ; en attendant la suite en cours de création, qui se préfigure aussi intéressante que ce volume tant les questionnements qui restent en suspens sont nombreux.
Outre un excellent roman, « L’axe du sang » vient consolider le catalogue de son éditeur qui décidément est à connaître de par ses choix variés toujours digne d’intérêt et originaux.
Dans la préface, l’auteur Eric Neirynck ( « Facebook mon amour », « Le Quadra génère ses propres angoisses ») annonce lui même que cette novella (il explique aussi ce qu’est ce genre) n’est qu’« une histoire comme il y en a des millions ».
Effectivement son « 66 pages » se présente comme un soliloque comme on peut s’en tenir soi-même à propos de nos maux : le ton est cynique, les mots crus ; la méthode est éprouvée pour dissimuler sans doute une personnalité à fleur de peau.
Réfractaire, Eric (Fiction ? Auto-fiction ? L'auteur brouille les cartes dans son avant propos) entame néanmoins une thérapie sur les conseils de proches après le suicide de la femme qu’il aime.
Lors de leur troisième rendez-vous, alors qu’elle l’a éconduit à parler d’une oeuvre de Bukowski qu’il venait de découvrir dans la salle d’attente, sa psychiatre l’invite à écrire ses angoisses. Eric trouve dans cet exercice un but inavoué.
Pour avoir, moi même, gravité quelques temps dans « des milieux psychothérapeutique », j’avoue avoir été accroché par l’amorce de son récit (j’ai été longtemps, moi aussi récalcitrant : je me souviens de mon premier rendez-vous de manière très précise), le déroulement de la troisième et quatrième séance (le texte se découpe comme tel et on suit le narrateur tout du long de sa thérapie) m’a également intrigué : les prémisses du processus de transfert et le procédé de mise en abîme m’ont semblé des plus prometteurs.
Je dois néanmoins avouer que j’ai beaucoup moins apprécié la conclusion : le passage à l'acte ; abrupte.
J'ai apprécié l'aspect cocasse de la rencontre d'Eric et Marc.
Je ne peux que m’affliger d’avoir injecté dans ma lecture ma propre expérience en la matière, ce qui a nuit à l’aspect loufoque et ironique que l’auteur a voulu donner à son texte!
Le format "novella" n'est sans doute pas évident à gérer.
Une découverte intéressante.
Tout d’abord merci Ghislaine Bizot d’avoir accepté de répondre à quelques questions pour l’association Lire c’est libre .
Nous essaierons dans la mesure du possible de proposer aux fans de notre page Facebook d’autres « rendez-vous » de ce genre.
Nous avons été plusieurs membres de Lire c’est libre à découvrir ton roman « Mal dans la peau » (Editions Calepin), ça n’est pas ton premier ouvrage : peux-tu nous présenter ta carrière d’écrivain ?
Carrière d’écrivain ? C’est un grand mot ! Disons qu’actuellement cinq de mes pièces de théâtre ont été publiées (trois aux éditions Mic_Mac et deux chez l’Harmattan), j’ai également publié une histoire pour enfants dans le magazine Charlotte aux Fraises (M. Loup), j’ai participé à un recueil collectif de nouvelles (Stellaire aux éditions Elénya) et mon roman pour adultes Mal dans la peau est sorti chez Calepin en mai dernier. Je garde encore beaucoup de projets plus ou moins aboutis dans mes boîtes …
Comment en es tu venue à écrire ? Comment es-tu arrivée à être publiée ? Quel succès as-tu rencontré ? Ou pas !
En fait j’écris depuis très longtemps, j’ai des petites feuilles avec des idées, des poèmes, des réflexions à développer. Lorsque je travaillais et que mes enfants étaient petits, je ne trouvais pas le temps d’écrire une histoire du début à la fin. Alors je jetais des idées par ci par là. Puis j’ai arrêté de travailler au hasard d’une mutation de mon mari et le temps s’est libéré. J’ai commencé par écrire des pièces de théâtre parce que le théâtre fait aussi partie de mes passions et que je souhaitais transmettre un message aux enfants et ados. Mes pièces ont été bien accueillies. Mon entourage m’a alors conseillé de les proposer à des éditeurs. J’ai donc envoyé mes pièces bien timidement à un éditeur, Mic_Mac, et j’ai eu la chance qu’il retienne mes trois pièces le même jour. J’ai donc continué à écrire pour le théâtre et parallèlement j’ai repris un roman dont j’avais l’idée depuis longtemps Mal dans la peau. J’ai envoyé mon roman à plusieurs maisons d’édition, j’ai eu des refus, bien sûr, mais les éditions Calepin m’ont retenue. Pour le recueil collectif de nouvelles c’est un peu différent : j’ai participé à un concours, les dix nouvelles retenues étaient publiées. La mienne en a fait partie.
Le succès ? Je considère déjà avoir du succès en étant publiée ! C’est tellement merveilleux pour moi. Quand j’étais ado, je me disais qu’un jour mon nom serait écrit sur une couverture de livre. De ce point de vue j’ai réussi. Ensuite le succès auprès du public… Avec le théâtre c’est un peu délicat. Je suis contente de toucher les enfants et parents avec mes textes et ravie de pouvoir en parler avec eux. Avec Mal dans la peau tout reste à construire mais il y a déjà de bons retours et des échanges très touchants avec les lecteurs.
Mal dans la peau est, principalement, un recueil de la correspondance (SMS et lettres écrites) d’une femme, Carole, avec ses proches ; son amie d’enfance, Marie, plus particulièrement.
Après son mariage avec Fabrice, Carole a quitté Lille pour le petit village de Tournefort dans le « haut pays niçois ».
Au fil des échanges, le lecteur va se retrouver interpellé par la situation de Carole et va forcément en venir à s’interroger par rapport à lui-même, se mettre à la place de Carole, de Marie ou bien de ses parents…
On imagine, le récit est émaillé aussi de passages introspectifs où un narrateur « décode » les lettres du personnage principal, que tu t’es plus particulièrement identifiée à Carole. T’es-tu projetée à la place des autres protagonistes de ton histoire ? Est-ce un roman autobiographique comme par exemple le dernier roman de Delphine de Vigan (Rien ne s’oppose à la nuit ) ?
Non, ce roman n’est absolument pas autobiographique. Je n’ai jamais vécu ce genre de traumatisme. Toute l’histoire de Carole est inventée. Je ne me suis pas projetée dans un personnage plus que dans un autre. Quand on écrit un roman épistolaire, on change de peau à chaque lettre et c’est un exercice intéressant. J’étais à la fois Carole, Marie mais aussi la maman…
Comment as-tu construit ton intrigue ? Personnellement, j’ai distingué trois parties (je trouve que la nature des correspondances change après le voyage de Marie dans le Sud), et j’ai été amusé de voir le développement d’internet et des réseaux téléphonique depuis : as-tu vu une « plus-value » à faire se dérouler l’action en 1999 ?
Le choix de situer l’action en 99 dans un village qui ne reçoit pas internet n’est pas innocent. À cause du développement des réseaux téléphoniques et d’internet on s’aperçoit que, de nos jours, plus personne n’écrit. Il aurait été inconcevable de situer cette histoire après 2000 et de laisser s’établir une correspondance entre Marie et Carole.
D’ailleurs, lorsqu’on referme le livre, l’histoire de Carole peut se prolonger si le lecteur le décide. Je m’explique. J’ai eu des retours de lectrices qui, s’étant attachées à Carole, se trouvaient un peu frustrées de ne pas connaître la suite de son histoire. Elles souhaitaient savoir si elle s’en sortait. J’ai donc écrit une lettre de Carole en 2013. Lettre dans laquelle elle raconte sa nouvelle vie et comment elle a vécu « l’après ». Cette lettre est envoyée aux lecteurs qui en font la demande. C’est intéressant de faire sortir une héroïne de son livre et de la rendre proche des lecteurs. La fiction rejoint la réalité puisque la lettre arrive dans la boîte aux lettres des lecteurs.
En ajoutant ce dernier élément, je peux donc dire qu’il y a quatre parties dans mon livre.
Il y a dans ton livre, je trouve, énormément de pudeur. As-tu choisi le style épistolaire pour cela?
Je n’avais pas envie de décrire les faits crûment ou violemment. Ce qui m’intéressait se situait au niveau des émotions, du ressenti. Je voulais parler des traces faites au cœur, à l’intime plutôt que celles laissées sur la peau. Le style épistolaire me permettait de jouer avec les émotions, de cacher, taire et glisser la souffrance par petites touches.
Avant de préparer cette « interview » tu m’as dit « aimer les livres ». En as-tu à nous recommander en rapport avec Mal dans la peau ? Quels sont les auteurs francophones contemporains que tu aimes ? Quelles sont tes dernières lectures ?
Je n’aime pas cette question parce que j’ai peur d’oublier des auteurs et puis il y en a que je n’ai pas encore découverts et que j’aimerai sûrement… Comme Gilles Paris par exemple J ( j’ai commandé un de ses livres au Père Noël). Bon je me jette à l’eau tout de même : Barbara Constantine, Philippe Claudel, Anna Gavalda, Olivier Adam, Claudie Gallay, Sorj Chalandon, Jean-Louis Fournier, Françoise Xénakis, Muriel Barbery, Marie-Sabine Roger, Eric- Emmanuel Schmitt et aussiAmélie Nothomb…
Pour les livres en rapport avec Mal dans la peau, j’ai lu des témoignages dans la presse, sur le net ou écouté des émissions télé sur le sujet. Je n’ai lu que deux livres en rapport avec ce sujet: Il y avait un monstre en moi de Frédéric Matwies (Témoignage d’un ex-mari violent) et Après coups de Véronique Cocardon qui est un témoignage. J’ai lu ces livres alors que mon roman était déjà écrit et accepté par l’éditeur.
Actuellement je lis un roman de Marie-Sabine Roger qui est sorti en 2010, Vivement l’avenir.
Ghislaine Bizot, encore merci de t’être prêtée au jeu de l’interview pour Lire c’est libre . Peux-tu, pour terminer, nous parler de tes projets à venir ?
J’espère un deuxième roman… Il est prêt et est parti à la recherche d’éditeur…
Et j’espère aussi rencontrer beaucoup de lecteurs…
Interview réalisée par Ludovic GRIGNION pour l’association Lire c’est libre.
Dans Mal dans la peau , au travers les échanges d’une presque trentenaire, et ses proches Ghislaine Bizot évoque le drame des femmes battues et témoigne de la culpabilité de leur entourage.
Septembre 1999, juste après son mariage Carole a suivi son mari, Fabrice, à Tournefort dans le « haut pays niçois ».
Village isolé qui, à l’époque comptait moins d’une centaine de personnes (source Wikipédia) et où le réseau ne passe pas véritablement : on ne parlait pas encore de la 4G !
Des procédures administratives semblent empêcher l’installation d’une ligne fixe et d’une connexion internet, ne reste comme autre solution qu’à l’ex-lilloise pour communiquer avec ses parents et Marie, son amie d’enfance, que les services postaux. Si les échanges sont quelques peu gauches au commencement, très vite les différents protagonistes en viennent à retrouver le goût de l’écriture, mais aussi, très vite, l’angoisse qui découle de l’absence de nouvelles, l’inquiétude consécutive à l’interprétation des mots, les débordements effrayants de l’imagination.
Plus tard viendra le poids des révélations que contiennent ses lettres.
« Privilégié » ; le lecteur, même s’il est sans doute plus à même de juger de la situation, de par les passages introspectifs, en italiques, qui émaillent le récit, n’est pas plus rassuré.
Il voit la mécanique de l’intrigue et la construction du livre se mettre en place.
Les coups du sort qui retardent l’échéance, la prise de conscience des différents acteurs devant un phénomène débattu depuis des années.
J’ai trouvé, pour ma part, cela extrêmement bien ficelé, et donc parfaitement crédible.
Au fil des échanges, le lecteur va se retrouver interpellé par la situation de Carole et va forcément en venir à s’interroger par rapport à lui-même, se mettre à la place de cette dernière, de Marie ou bien de ses parents…
Le vécu de chacun parlera… Pour ma part, je dois reconnaitre que ce roman a suscité pas mal d’échos à sa lecture.
Au-delà le sujet principal, traité avec pudeur, Mal dans la peau évoque malicieusement l’année 1999 : deux ans avant le passage à l’euro ; l’arrivée du XXIème siècle se profile.
L’histoire se déroule sur dix mois, et est étayée par des repères familiers tels que les vacances scolaires, les fêtes de Noël, ce qui renforce le phénomène d’identification.
On constate que le couple, ses bases, son fonctionnement, restent des sujets intemporels.
Bref, ce roman de Ghislaine Bizot est pour moi un modèle du genre épistolaire, et trouve sans aucun doute son originalité de par le sujet qu’il aborde…
Où souffle le vent du Nord de Daniel Glattauer, Un homme à distance de Katherine Pancol, quoique très réussis, relèvent de l’histoire d’amour, Mal dans la peau se rapproche sans doute plus de Inconnu à cette adresse de Kressman Taylor, la dimension historique en moins.
Une occasion de découvrir une auteure, et la jeune maison d’édition (Calepin) qui lui a donné sa confiance.
Je vous le conseille !
Enthousiasmé par les précédents thrillers de la collection Pole Noir de MA éditions ( Les justes de Michael Wallace et Le collectionneur de chair de C.E Lawrence), je me suis procuré Je serai toujours là , premier roman de l’auteur français Philippe Savin.
L’histoire se déroule dans les Cévennes, où Nathan Prieur, un commandant de police, vient d’emménager avec sa famille dans la maison de feu son beau-père. Le couple et leurs deux filles ont fui la capitale pour cette région à priori plus tranquille mais qui inspire à Karine des tableaux de plus en plus macabres. L’ambiance ne va cesser de s’alourdir avec la découverte du cadavre carbonisé d’un notable, et quelques jours plus tard celui d’une jeune fille violemment assassinée au cœur de la forêt. La victime se révèle une camarade de Lucie, une des jumelles de Prieur ; avec qui elle fait les quatre cents coups ; cette dernière a disparu la nuit du meurtre.
Un prologue oppressant tiré du final, où le mal s’incarne en une entité palpable, un peu comme dans Shining de Stephen King (que j’ai commencé à relire parallèlement), auxquels s’enchainent les faits dont le déroulement nous ramène deux semaines auparavant : le roman nous agrippe dès les premières pages.
L’empathie a particulièrement marché en ce qui me concerne, outre l’enquête policière, Philippe Savin aime à explorer les côtés sombres de ces personnages : les flics sur la corde raide, l’artiste torturée, et l’adolescente en recherche de limites ; l’ensemble crée un écho et l’angoisse va crescendo au fil des pages. L’effet d’immersion est incontestable : les références à la vie contemporaines sont judicieuses et terminent de poser un climat inquiétant.
L’histoire se développe au sein d’un environnement sulfureux, ou les obsessions, la violence et le sexe s’entremêlent, le récit devient de plus en plus sombre, jusqu’à ce que le lecteur en vienne littéralement à suffoquer aux côtés de Nathan Prieur qui voit les esprits et les corps se faire malmener au cours de son enquête dont l’issue est on ne peut plus vitale pour son équilibre et sa famille.
Philippe Savin, outre de mettre en scène la noirceur humaine, aime à alterner réalité et cauchemars, nous déboussolant encore un peu plus, et nous interpellant indirectement sur la société d’aujourd’hui.
Personnellement, je reprocherai juste certains passages, à mon sens, un peu trop empreints de moralisme, certes le nom du héros (« prieur ») s’y prête, mais cet aspect parfois ouvertement religieux m’a quelque peu dérangé ; m’est apparu contradictoire avec ma perception des personnages.
Il n’en reste pas moins que Je serai toujours là est un premier roman remarquable, et qu’il impose Philippe Savin comme un challenger sérieux à l’omnipotence d’auteurs tels que Maxime Chattam (La conjuration primitive - Albin Michel) ou Franck Thilliez (Puzzle - Fleuve noir) dans le genre du thriller.
MA éditions, assurément, a eu le nez fin en publiant ce livre qui consolide sa collection « Pole noir » avec un récit très sombre de qualité.
Si vous aimez trembler, je vous conseille de vous procurer Je serai toujours là dans les plus brefs délais.
Toulouse, mars 1943, Maurice et son frère Claude entrent en contact avec la Résistance. Leur fougue adolescente va être tempérée, ils ne rejoindront pas la Royal Air Force à Londres, mais les forces françaises de l’intérieur et la brigade Marcel Langer.
Débute pour eux, comme pour d’autres jeunes adultes, juifs et apatrides un combat sournois mais néanmoins dangereux, faits de petites actions, dont l’ampleur va s’intensifier au fil du conflit, jusqu’à des arrestations, des condamnations à mort et des déportations.
Les enfants de la liberté est le septième roman de Marc Lévy, sorti en mai 2007, je me souviens l’avoir lu l’année suivante durant les vacances d’été : il m’a marqué.
J’avoue une certaine réserve en ce qui concerne l’auteur best-seller mais je ne manque pas de conseiller la lecture de ce livre en particulier tant il s’inscrit à part dans sa bibliographie.
L’adapter en bande dessinée, multiplier les médias par lequel il pourra être découvert, est sans aucun doute une excellente initiative : en effet cette histoire remarquable (autant que le très récent Kinderzimmer de Valentine Goby) est un témoignage vibrant. Il nous montre sous un éclairage différent, un sujet par ailleurs largement usité.
Le père et l’oncle de Marc Levy (ce livre est leur histoire) ont mis leur jeunesse et leur vie au service de l’idéal que représentait la France, sentiment encore plus flagrant chez leurs compagnons immigrés, qui, pour des raisons politiques, vont se retrouver écartés de la Libération.
Difficile de dissocier cette adaptation, de l’œuvre originale : en effet la bande dessinée illustrée par Alain Grand, se voit prolonger d’un dossier où sont présentés un certain nombre de documents fournis par Marc Levy qui consolident la véracité du récit.
Un caractère pédagogique avéré (Alain a travaillé pour le magazine Mikado (éditions Milan) avant de réaliser avec Régis Hautière ( Aquablue ) le premier tome de Pour tout l’or du monde (Soleil Productions), qui s’il n’empêche pas que la qualité graphique soit au rendez-vous, offre une œuvre emprunte de conformisme. Ce volume ne dénote pas du catalogue Casterman.
La mise en page est rigoureuse, pour un scénario, certes, on ne peut plus sérieux.
Une impression de statisme rarement contrebalancée, à l’exception de quelques planches (la page 143), et quelques échappées oniriques bienvenues et distinctes du roman, que la BD reprend fidèlement.
Une excellente alternative pour ceux qui ont du mal à lire « sans images » un aspect peu glorieux de la Résistance.
Une Bande dessinée dont le scénario interpelle.
Disciple de l’illusionniste Houdini, Jackson Pierce dit Lazarus Jack, voit sa carrière anéantie le jour où évoquant un démon, celui ci avale dans sa dimension, sa demeure avec femme, enfants, ainsi que ses proches ! 60 ans plus tard, devenu grabataire et pensionnaire d’une maison de retraite, il reçoit la visite d’un mystérieux personnage du nom de Nemo. Après lui avoir rendu sa jeunesse, ce dernier lui apprend que sa famille est toujours vivante et qu’il a les moyens de la lui faire retrouver à condition qu’il lui rapporte un gant magique de la dimension où elle se trouve.
Publiée en France par Bamboo, cette œuvre estampillée Dark Horse fascine par son histoire qui s’étale au travers du temps et des dimensions. Dénué de super-pouvoirs, le personnage de Lazarus Jack n’en conserve pas moins de l’intérêt, et sa quête pour retrouver les personnes qu’il aime nous tient en haleine. Ce comics, qui date de 2004, n’est pas sans rappeler d’autres œuvres romanesques qui puisent leur inspiration dans la magie de notre début de siècle où la science s’opposait à l’occultisme (comme le film Le Prestige de Christopher Priest ou encore La Ligue des Gentlemen extraordinaires d’Alan Moore). Le scénario de Mark Ricketts (Iron Man) est illustré par Horagio Domingues, dessinateur dont le trait est proche de celui de Carlos Meglia (Cybersix), la couleur en plus.
Un héros qui aurait mérité une série à lui, mais qui n’en a malheureusement pas bénéficié.
Devenu aveugle après qu’une substance radioactive lui ait brûlé les yeux, Matt Murdock a vu ses autres sens se développer de façon extraordinaire. Après l’assassinat de son père, il décide d’utiliser ces facultés spéciales pour combattre le crime à New-York sous le nom de Daredevil.
Contrairement à d’autres séries Marvel, l’intégrale de Daredevil ne débute pas avec le recueil de ses premières aventures (il a été créé en 1964 par Stan Lee et Bill Everett) mais à partir de l’année 1981 date à laquelle le prestigieux Frank Miller le prend en main, épaulé par l’encreur Klaus Janson. Celui qui créera plus tard Sin City, et reprendra Batman (Dark Knight), a eu la charge de l’homme sans peur durant trois ans, et le moins que l’on puisse dire c’est que le personnage restera à jamais marqué par ce passage sur la série. D’un point de vue graphique, mais aussi de l’écriture, Miller rompt avec tout ce qui a été fait précédemment, introduisant sa philosophie personnelle dans la série : les super-vilains aux noms cocasses et aux costumes bariolés passent à la trappe et sont remplacés par des truands de haute envergure (Le Caïd, Bullseye) ou bien encore les ninjas de La main. Ce recueil marque aussi l’apparition d’un personnage phare, Elektra Natchios, premier amour de Matt Murdock, passée du coté obscur.
Cette histoire de haine passion n’est qu’un des éléments qui oriente Daredevil et les comics vers un public plus adulte, moins naïf, même si le puritanisme et la censure restent bien présents.
Chassés de leurs royaumes par « l’Adversaire », des personnages de fables ont trouvé refuge dans notre monde. Depuis de nombreuses années, ils essayent de garder leur existence secrète aux yeux des simples mortels, ceux ayant une apparence « inhumaine » étant dissimulés dans une ferme en banlieue. A quelques jours de la date anniversaire de leur exil, la communauté de Fableville est bouleversée par le meurtre sanglant de Rose Rouge, la sœur de Blanche Neige. Tout le monde est suspect, de Jack son fiancé, en passant par Barbe-Bleue, avec qui elle s’est affichée l’année précédente, jusqu’à son ex-beau-frère le Prince Charmant, revenu à point nommé à New-York. Bigby Wolf – le grand méchant loup – mène l’enquête !
Ce premier tome édité chez Semic rassemble le début d’une fabuleuse série signée Bill Willingham. Lan Medina (Wonder Woman) illustre ceux-ci dans un style rétro de bon aloi qui colle parfaitement à l’univers qui nous est présenté. Celui-ci n’est pas sans rappeler le trait de Dave Gibbons (Watchmen). Une production Vertigo pour laquelle les superlatifs viennent à manquer et dont on ne trouve rien à dire quant à la qualité. Un comics qui malmène les héros des contes de notre enfance, et qui ne manque pas de cynisme. Le troisième tome vient de sortir en France et la série pour notre plus grand plaisir continue outre-atlantique.
C’est original, pertinent, décalé : Fables deviendra certainement un classique, c’est assurément une série à découvrir!